• feat. Meï Silet. •

Voilà maintenant quelques jours que je suis arrivé à Saisho. La veille, j'ai intégré mon nouvel établissement scolaire, et la journée s'était passée sans trop d'accrocs. Rien de bien transcendant quoi. Aujourd'hui je suis bien décidé à profiter de mon jour de repos. Hors de question de porter cet uniforme serré dans lequel je ne me sens pas à l'aise ! Non mais honnêtement, c'est la première chose qui m'a refroidit direct quand j'suis arrivé. La première fois de ma vie qu'on me parle d'uniformes. M'enfin d'aussi loin que j'me souvienne. C'est-à-dire pas longtemps. Sinon, j'trouve les lieux plutôt cool. Les autres élèves, eux, n'ont pas cherché à m'approcher, j'sais pas si je dois être vexé ou heureux mais bon je m'en fous pas mal, ça ne change pas de d'habitude.

Ce matin, l'air frais et le soleil rayonnant qui jonche le ciel me donne envie de sortir. Je n'sais pas pourquoi, mais l'idée de rester cloîtrer entre quatre murs m'angoisse plus qu'autre chose. Alors après avoir quitté ma douche, j'empoigne mes vêtements habituels que j'enfile rapidement. T-shirt blanc surmonté d'un gilet noir, jean et chaussures tout ce qu'il y a de plus banal. Je ne sais pas encore où je vais aller, je ne connais pas la ville et comme j'suis très tête en l'air je risque de me perdre, mais sur le moment je n'y pense pas et sort enfin, refermant la porte derrière moi. Je me rends à l'extérieur, marchant tranquillement en observant les alentours d'un oeil distrait. Il fait plutôt frais aujourd'hui, la plupart des personnes que je croise on ressorti leur veste pour affronter les températures qui ont chutées. J'avance, flegmatique, observant chaque détour de la moindre ruelle. Parce que voilà, quand on arrive dans une ville, on voit des rues en perspective. Des suites de bâtiments vides de sens. Tout est inconnu, vierge. Plus tard on aura marché dans ces rues, on aura été au bout des perspectives, on aura connu ces bâtiments, on aura vécu des histoires avec des gens. Quand on aura vécu dans cette ville, cette rue on l'aura prise dix, vingt, mille fois. Au bout d'un temps cela nous appartient parce qu'on y a vécu.

Mais dans l'instant présent je me dirige sans le savoir vers le parc. Je lève lentement mon regard vermeil et observe un moment le grand portail qui délimite le parc au reste de la ville et m'y engouffre sans trop y réfléchir. Je marche plus lentement, traînant des pieds, ne sachant même pas pourquoi je me rends dans cet endroit. Je profite juste de la verdure et du calme matinal. Alors au bout d'une vingtaine de minutes de promenade lente, je m'arrête devant un arbre et y grimpe. Non je ne suis pas un singe, je vous rassure, juste que quand j'apprécie un endroit, j'aime bien avoir une vue d'ensemble sur ce dernier. Je m'assois tranquillement sur une branche en vérifiant au préalable qu'elle soit assez solide, parce que bon, j'ai pas trop envie de m'écraser comme une larve sur le sol juste à cause d'un manque d'attention, hein. Mais elle tient, alors je reste là, balançant mes jambes tranquillement, je suis bien. Je rajuste machinalement mon gilet noir et m'étire tel un chat, avant de reprendre ma contemplation du paysage.

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• feat. Meï Silet. •

« Sympa la vue ? »

A moitié assoupi, je ne réagis pas tout de suite. A vrai dire j'ai cru un instant avoir entendu une voix portée par le vent, ou encore avoir eu une hallucination, sûrement parce que j'ai rien avalé ce matin et que mon estomac me le fait comprendre de façon bien étrange ! Mais voilà, en baissant un peu les yeux, je la vois. Je baisse donc la tête en direction de la jeune femme qui vient de m'interpeller, perturbant mon petit instant de tranquillité. Pas que j'y tiens spécialement, c'est vrai quoi, j'aurais bien d'autres occasions de jouer les chimpanzés, là-haut perché en observant le paysage. Elle ne me dérange pas. Mais d'ailleurs qui est-elle ? Et pourquoi est-ce qu'elle m'aborde ? Je fixe un moment la protagoniste, qui est dotée d'une longue chevelure rose. Je ne suis pas sur une branche bien haute certes, mais c'est tout ce que je perçois de là où je suis. Il me semble qu'elle est très peu bronzée, contrairement à moi, mais je ne distingue pas bien ses yeux ni les traits de son visage. Pourtant je lui souris légèrement, me penchant un peu en balançant mes jambes dans le vide. Oui la vue est sympa, mais ce que je préfère c'est sans doute l'air frais qui souffle, jouant avec les feuilles et mes cheveux vermeils.

« Ouep', d'ici je vois une grande partie du parc. »

Répliquai-je en l'observant.

« Vous voulez voir... ? »

Je tapote doucement la place vacante à côté de moi tout en détachant finalement mon regard de l'inconnue, reprenant distraitement mon occupation très intéressante, c'est-à-dire, regarder les alentours. J'ai toujours été comme ça. Enfin je crois. Je veux dire, d'aussi loin que je me souvienne ! Quand j'arrive dans un endroit, une nouvelle maison ou une nouvelle ville, je prends toujours le temps de me poser au calme et d'observer mon nouvel environnement, pour mieux me familiariser avec le lieu en question. Ayant -paradoxalement certes- bonne mémoire, je retiens plutôt facilement, après observation, les rues que j'ai empruntées, les magasins que j'ai croisés sur ma route, ce qui fait que je me perds que très rarement ! Je ne suis pas certain que la protagoniste accepte de grimper dans cet arbre, elle préfère sûrement rester tranquillement sur la terre ferme, mais je tente quand même. Pas que j'ai besoin de compagnie, au fond ça m'est bien égal, mais si elle m'a abordé c'est bien pour quelque chose, non ?

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